La suspension sine die de la presse privée intervient le même jour que l'arrestation, à Asmara, de sept anciens ministres et généraux, dirigeants historiques du Front populaire de libération de l'Erythrée, et aujourd'hui très critiques à l'égard du président Afeworki. Ils faisaient partie d'un groupe de quinze personnalités qui, en mai, avaient demandé publiquement au chef de l'Etat une "plus grande démocratie" dans le pays, l'accusant de se conduire de manière "inconstitutionnelle". Parmi les détenus figure l'ancien ministre de l'Information, Beraki Gebreselassie, qui avait levé la censure militaire sur l'information, en novembre 1999.
Cette mesure est la plus grave prise par les autorités en Erythrée. Elle intervient alors que la presse privée connaissait, depuis la fin de la guerre avec l'Ethiopie, un succès grandissant, ses ventes dépassant même celles de la presse officielle. Au cours de ces derniers mois, plusieurs journalistes ont été interpellés brièvement par les forces de l'ordre. Enfin, RSF rappelle que la Constitution de 1997, qui prévoit des mesures pour la presse moins restrictives que la loi de 1994, n'est toujours pas appliquée, par décision du chef de l'Etat.